“Je naquis dans la souffrance des autres...” histoires sur son travail avec des jeunes universitaires, qu’il acompagna dans leur de´veloppement, leurs proble`mes, leur recherche, leur orientation, leur souffrance. “Je naquis dans la souffrance des autres...” Oui. Il naquit car il trouva et abrita un nid ou` installer ses de´sirs de de´vouement a` la jeunesse. Et parce qu’il fu^t intimement uni a` la vie universitaire, comme un cordon ombilical qui lui transmit le sang d’une jeunesse anxieuse de vie et de liberte´, de nouveaute´, de recherche du sens de la vie, de re´ponse a` ses inquie´tudes, de boussole au re´veil du printemps, tant de fois menace´ par des destins brise´s, du moins incertains. Il naquit car, comme lui-me^me le dit: “... ce vieux veut tout ce qui est neuf, comme peut e^tre le fait de se sentir jeune et vieux en me^me temps...” Se “sentir jeune” avec la jeunesse, ce fut la cle´ de son de´vouement enthousiaste, sans calculer le temps, ni la distance des a^ges dans sa labeur de tuteur avec les universitaires. Ainsi A´lvaro Puig commence son livre. Un livre qui raconte environ deux-cents Il sut les comprendre, les accepter dans leurs attitudes, parfois ingrates, sans pouvoir e´chapper aux e´le`ves impertinents ou a` la sensibilite´ maladive. Il sortit a` la rencontre des timides, en leur ouvrant des horizons et en leur transmettant son optimisme. Aux complique´s il leur simplifie la vie, il les sauve des ide´es fixes qui assombrissent leur joie. Il e´coute, il e´coute attentivement, il observe leurs gestes, leurs regards, de´masque leurs proble`mes, cre´e des illusions, la^che des amarres. Il souffre d’angoisses a` cause d’une socie´te´ que ses e´le`ves ont he´rite´ des adultes, pleine d’injustice et d’antivaleurs. Surtout il confie, il apprend, il admire et remercie, quand il compare cette jeunesse a` celle de son temps, la sienne, dans laquelle, sous des attitudes parfois hypocrites et « correctes », se cachait une vision fausse de la vie. Il sait trouver pour ses e´le`ves un chant joyeux, dans le de´sir de vivre en connaissant ce que eux-me^mes peuvent e^tre, sans subterfuges, une ve´rite´ simple, illumine´e, vivace comme l’expression de leurs gestes, avec son humeur de toujours. « Aime la jeunesse ! Ne la perdons pas de vue » s’exclame-t-il. En elle il trouve la vie, car « il faut vivre la vie des autres pour pouvoir vivre la sienne ». Dans sa tutelle avec une jeune universitaire il s’e´tend avec sagesse et discernement de psychologue, philosophe, pe`re et me^me amoureux. Il de´crit ses e´le`ves comme s’il les voyait, leur complexite´, leur attraction, leur beaute´, leurs mirages, leur illusion de vivre. Il leur reproche leur facile abandon de leur intimite´ dans leur angoisse d’aimer et d’e^tre aime´es. Il insiste sur la condition du ve´ritable amour : « sa continuite´ dans le temps ». Il les anime dans leurs de´pressions, leurs de´couvertes et leurs joies. Ses re´cits sont pleins de re´flexions philiophiques, e´crites par une passion de la pense´e. Abondent les comparaisons poe´tiques avec la nature pour exprimer sa Foi, son illusion d’exister, ses sentiments, sa pense´e. Quand il de´crit sa relation avec ses e´le`ves, il entoure ses re´cits d’une discretion absolue, en e´vitant ce qui pourrait e´voquer des curiosite´s le´ge`res. Par ailleurs, il montre une connaissance profonde des autres, en exerc¸ant sa vocation, il converse, opine, conseille, dialogue, pense. Son esprit offre des ide´es, des paroles, des faits, laissant libre cours au souvenir et a` l’amour de ses e´le`ves. Il pre´tend apporter son expe´rience afin que les autres pensent a` leur propre histoire, pour qu’ils trouvent la vocation de vivre et accomplissent le myste`re d’e^tre et de continuer a` e^tre. Son esprit ouvert a` l’infini des choses et surtout des personnes le fait confesser : « Je suis tout des autres ! Ma pense´e est aux autres ! Mon temps est aux autres ! J’aime mes e´le`ves ! Je les ai laisse´s, mais je continue a` e
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